Fondation Au Nom de Sélène

n°19 | une agriculture qui s’inspire de la vie

« Le vivant a divers avantages sur notre économie capitaliste trop libérale : il innove bien plus que nous en permanence depuis 4 milliards d’années et surtout il innove pour nous et pas seulement pour quelques-uns… le vivant ne produit jamais une substance qu’il ne sait pas dégrader, il a toujours un acheteur pour ses déchets et fait tout avec une énorme parcimonie d’énergie. Enfin, il ne maximise jamais, il optimise en permanence »

Cette observation que fait le Professeur Gilles Bœuf est un enseignement : s’inspirer du fonctionnement de la nature donnerait aux humains les pistes pour bien vivre sur terre !
La permaculture s’inscrit dans cette démarche :
observer son bout de nature, comprendre son terroir, expérimenter et le cultiver en optimisant tout son potentiel. S’adapter et chercher l’harmonie.

L’homme est le seul être dont les destructions peuvent ne pas être compensées. Les insectes se multiplient chaque fois que les oiseaux qui s’en nourrissent disparaissent. Et les insectes disparaissent à chaque fois que l’homme offense la terre avec ses labours (l’excès de labour augmente d’un facteur de 10 à 100 l’érosion des sols*), son agriculture intensive et ses dopages chimiques, et la déforestation (quand la forêt disparaît, le grand réservoir d’humidité qu’elle avait s’évapore et ne revient que dans des déluges de pluies qui lessivent les sols transformés en poussière desséchés). Le besoin d’équilibre des sols de la nature est le même que celui du corps des humains. 

« La médecine ne cherche pas à savoir la part du cœur et celle du cerveau dans le fonctionnement d’un organisme. L’organisme ne choisit pas, ne répartit pas, il lui faut tout pour fonctionner » nous dit Boris Cyrulnik**.

L’homme est aujourd’hui, plus que jamais, le co-architecte de la maison terre. Le « progrès » technique qui l’a amené ces 50 dernières années sur des chemins enivrants et dangereux semble, enfin, écouter la science, naissante en matière d’écologie. Elle lui dit qu’il a besoin de la terre, qu’elle porte la vie, qu’il l’a en usufruit et qu’il doit la protéger et l’apprivoiser pour son bien : bien respirer, bien boire, bien manger.
Mais dans cette collaboration lucide qui se construit, il peut trouver aussi une nouvelle récompense. Celle qui vient de l’observation de la beauté de la nature, de son fonctionnement parfois mystérieux qui lui donne une dimension philosophique voire métaphysique.

Si vous aimez la sagesse, l’harmonie, la beauté et ses mystères, regardez et écoutez la nature. Elle a besoin de respect pour continuer de porter la vie.

 

Bernard Gervais


*Philippe Hinsinger, « La vie cachée des sols »

**Boris Cyrulnik, « Mémoire de singe et paroles d’homme »

Lire aussi Marc-André Sélosse, « L’origine du monde »

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